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Malgré des phrases fortes, Michel Barnier peine à dissiper les inquiétudes autour de la planification écologique

Le 30 janvier, Gabriel Attal, plus jeune premier ministre de la Ve République, avait relégué la transition écologique au fin fond de sa déclaration de politique générale. Un enjeu majeur balayé en quelques mots… Mardi 1er octobre, Michel Barnier, plus vieux chef de gouvernement depuis 1958, a, lui, évoqué immédiatement et bien plus longuement ce défi, décrivant la « dette écologique » comme une des deux « épées de Damoclès » qui menacent le pays.
« Les Français attendent de nous que nous regardions la réalité en face. La réalité de nos comptes publics. La réalité de l’impact de notre mode de vie sur l’environnement », a-t-il déclaré, avant de reprendre un proverbe africain cité dans Terre des hommes, d’Antoine de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. » Une phrase que M. Barnier avait déjà placée en exergue de son livre Chacun pour tous. Le défi écologique (Stock, 1990) publié il y a… trente-quatre ans.
Plutôt mutique sur cette question depuis sa prise de fonctions, l’ancien ministre de l’environnement d’Edouard Balladur a cette fois-ci affiché son ambition : « Nous pouvons et nous devons faire plus contre le changement climatique. » Et multiplié les phrases volontaristes, promettant, comme l’ancien président du conseil Pierre Mendès France, de « ne jamais sacrifier l’avenir au présent », assurant qu’« il n’y a pas de fatalité tant qu’il n’y a pas de fatalisme », affirmant qu’il faut « préserver la biodiversité et encourager l’économie circulaire ».
Derrière ces phrases fortes, le premier ministre s’est souvent placé dans la continuité de l’action d’Emmanuel Macron, notamment sur le mix énergétique. Il faut, selon lui, poursuivre « résolument le développement du nucléaire, et notamment des nouveaux réacteurs ». Et, s’il veut lancer une « grande conférence nationale » sur l’eau, il n’a fait aucune annonce sauf de nouvelles étapes de « simplification » qui risquent d’affaiblir l’ambition écologique (sur le diagnostic de performance énergétique, dont il veut aussi « adapter » le calendrier, sur le zéro artificialisation nette, qu’il faut faire évoluer « de manière pragmatique et différenciée », sur la construction…). Des termes que n’auraient pas reniés Gabriel Attal, qui s’en était pris aux normes environnementales lors de la crise agricole.
Lors de ce discours, Michel Barnier a ainsi avancé sur sa « ligne de crête ». D’un côté, tenter de donner des gages aux acteurs de la cause environnementale. De l’autre, ne brusquer ni l’Elysée, ni sa famille politique d’origine, ni l’extrême droite, peut-être rassurée par sa volonté de mesurer les « impacts de l’éolien ». Car, sur ce dossier comme sur les autres, le chef de gouvernement sait qu’il avance en terrain miné. Il doit jongler entre une situation politique et budgétaire explosive, qui ne lui offre que très peu de marge de manœuvre, et une urgence écologique qui s’aggrave.
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